13 - 14 - 15 septembre 2002

Un week-end pas tout a fait comme les autres…

, par Gilbert Vanden Berghe

Ce n’est pas tous les jours que cela arrive : vous ajoutez une musicienne au pupitre, et quelques mois après vous en recevez un avion entier !

C’est cet événement exceptionnel que je vais essayer de vous décrire dans les lignes qui suivent.

Donc, par un beau mercredi, il nous arrive une jeune dame originaire du pays des ours (des vrais, pas des types mal léchés, en Slovénie, il y en a 500 (des vrais ours, bien sûr). La jeune dame en question s’appelle Špela Cimerman, elle est une reine des mailloches, nos deux timbales (à quand une troisième ? Sponsors, manifestez vous…) sonnent clair à chaque répétition et à chaque concert. La jeune dame, polyglotte (heureusement ! Le slovène, c’est très compliqué), sympathique, jolie (oh oui), intelligente, est membre d’une harmonie à Ljubljana et a gardé des liens étroits avec celle-ci. La musique ne connaissant pas de frontières, l’idée naît petit à petit d’inviter cette harmonie à Bruxelles. L’occasion est unique : l’inauguration de l’extension de la Maison Communale de notre Commune d’Evere.

Au printemps, la décision est prise. Nous allons recevoir le PAPIRNIŠKI PIHALNI ORKESTER VEVCE. Et, dès le printemps, il faut se mettre à la réalisation. Ce n’est pas une mince affaire. Il faut les faire venir à Bruxelles (il y a 1.000 kilomètres), il faut les loger, il faut les nourrir, leur donner à boire, faire de cette fin de semaine quelque chose de bien ; Le budget de la STER n’est pas celui de l’Opéra National et le nerf de la guerre, c’est toujours… les sous.

Commence alors une chasse aux moyens. La STER frappe à toutes les portes, et il y a beaucoup de bonnes portes qui s’ouvrent. Guy Vanhengel, Ministre des Finances de la Région de Bruxelles Capitale ; Rudi Vervoort, notre Bourgmestre, et ses échevins : Christiane Ergot, Pierre Muylle, Jean-Luc Liens et Joseph Corten ; et plusieurs sponsors nous permettent de trouver à peu près le budget nécessaire.

Comme il y a un tattoo le 14 septembre à la Grand Place (organisé par la Fédération Musicale de la Région de Bruxelles Capitale), c’est une occasion unique de ne pas supporter les frais à nous tout seuls.

Bien, le principe est acquis, les moyens sont disponibles. Maintenant, il faut tout organiser. Et c’est ici que vont entrer en actions les moyens exceptionnels dont disposent le monde moderne et la STER.

Il y a :

La famille Schoovaerts

La famille Burton

Les ordinateurs personnels

Les courriers électroniques

Les téléphones portables et les autres

Les voitures personnelles

Les bénévoles

Les nuits courtes (elles sont parfois presque blanches…)

Avec tout cela mis ensemble, il y a moyen de faire du bon travail. Et durant tout l’été, cela se met en place.

Arrive le 13 septembre, premier jour du week-end (et cela tombe un vendredi, on n’est pas superstitieux).

Première surprise : tous les Slovènes ne pouvant pas venir en avion, huit d’entre eux viennent avec un minibus. Celui-ci est attendu à Evere en fin de journée. Mais leur désir de connaître les charmes de la Belgique est si grand qu’ils se pointent à leur hôtel déjà le matin. Ils ont roulé toute la nuit et tout ce qu’ils demandent, c’est dormir. Mais normalement on ne peut intégrer sa chambre qu’à midi. Coups de téléphone, E-Mails avec la Slovénie. Tout s’arrange de ce côté-là, et ils récupèrent. J’oublie de dire que le jeudi, il y avait 45 billets d’avion qui se baladaient dans la nature, et que notre Chef a de nouveau dû se décarcasser pour les retrouver. La vie n’est pas un long fleuve tranquille…

A 18 heures, Aula Toots. Le Ladie’s Club de la STER est en place. Première mission : préparer les sandwiches pour tout le monde (super, les sandwiches, ils ont été unanimement appréciés). Notre Président, pour sa part, se met à l’agrafeuse : préparer les trois bons pour une boisson. D’un pays à l’autre, rien ne change : le musicien adore sa bière. Les Slovènes allaient nous le prouver.

19 heures : départ de la délégation de la Ster pour l’aéroport. Le Président se masse le poignet. Ca fait mal, l’agrafeuse ! L’avion est à l’heure. Il faut une bonne demi-heure pour récupérer les bagages et instruments. A Zaventem, c’est un délai honorable. J’ai déjà attendu bien plus longtemps. Le temps de monter dans le car, et direction Evere.

Le car est superbe. Il nous est fourni par la firme « Islamay » de Jette. Son chauffeur est for-mi-da-ble. Je n’y reviendrai pas. Que le chauffeur soit remercié pour sa disponibilité et sa gentillesse. Il n’y a pas mieux. De plus, à l’avoir vu piloter son monstre dans les rues de Bruxelles, il connaît son métier, cet homme là. Et qui nous a dégotté ce car fantastique ? Paul Schoovaerts !

Première fraternisation à l’Aula, allocution de bienvenue du Président. Traduction simultanée par une charmante jeune dame que nous a trouvé Jean-Marie (et par Špela, qui ne savait pas qu’il y avait une traductrice !), réponse du Président Slovène. Remise à chaque Slovène d’une mallette de bienvenue : quelques pralines, de la documentation sur Bruxelles et un plan de ville (qui a trouvé cela ? le Chef, auprès d’un organisme peu connu de promotion de la Ville. Il trouve tout, le Chef !). Razzia sur les sandwiches et les bières. Découverte par les Slovènes de la Kriek, de la Pils, de la Blanche. Plus tard dans la soirée, découverte de la Chimay Bleue. Et chez certains, ça commence à faire mal. C’est fort, la bière belge…

A 23 heures, retour à l’hôtel et installation. Tout se passe « comme sur des roulettes ». Il faut ajouter qu’il y avait deux hôtels, l’un dans le Centre (Ibis Sainte-Catherine) et l’autre à la Gare du Midi (Ibis… Gare du Midi). Avec les petits chantiers de la Gare du Midi, avez-vous déjà essayé d’y circuler ou de garer un véhicule ? C’est divin !

On suppose que tout le monde est fatigué et récupère des forces. Vous le croyez ? Erreur profonde ! Les derniers Slovènes sont allés dormir à cinq heures du matin !

Samedi, 9 heures. Départ en car pour la visite de Bruxelles. Pas facile de circuler : c’est la première journée du Patrimoine. Le soleil, si généreux la veille, ne fait que quelques timides apparitions. Cela n’empêche pas l’ambiance d’être super. Le Chef (toujours lui !) Fernand Burton et votre serviteur servent comme « surveillants » pour respecter l’horaire. Ce n’est pas simple : nombreuses photos, des questions, des réponses… Au fond, en quelle langue ? Dans le car, le guide parle français, Špela traduit en slovène. Faut pas essayer de comprendre, c’est du chinois. Pour le reste, les jeunes parlent anglais, les moins jeunes l’allemand. Et les belges, pour « une fois » les épater, parlent le bon vieux platte Brusseleir flamand. Eclats de rire garantis.

A 12h30, ouf ! on est à l’heure. Dîner à l’Hôpital Militaire de Neder-over-Heembeek. Qui a trouvé la formule pas chère ? Le…Chef ! Et, en plus, pour une tambouille militaire, c’était bon (et copieux !).

14 heures : retour à Bruxelles aux hôtels. J’ai eu l’idée de leur dire dans le car qu’on ne quitte pas la Belgique sans acheter du chocolat. Le GB à la Bourse a fait un supplément de chiffre d’affaires non négligeable. Et à sa fermeture, il n’y avait plus de chocolat. Pendant deux heures, ceux qui avaient déjà le chocolat se sont lestés de quelques bonnes bières belges. Le top au hit parade ? Leffe, Chimay, Orval, Kriek.

Pendant ce temps, d’autres courageux bénévoles préparent la salle de fêtes à la Maison Communale. Il y a les pupitres à placer, les gros instruments à aller chercher, le bar à monter, tous les détails auxquels il faut penser. Les portables chauffent à blanc. Ca commence à s’énerver un peu.

17 heures : départ en car (en tenue traditionnelle slovène) pour l’Ecole Sint-Joris, pour une répétition générale des morceaux à jouer ensemble à la fin du Tattoo (pour les détails de cette répétition mémorable, demander à Christian Pepermans, le Chef ou moi. Ce n’était pas mal… enfin, comprenez-moi !). Pistolets et bière pour tout le monde (ah oui, il y avait de la Leffe ! On a vu une jolie petite jeune fille de 40 kg s’offrir une Leffe Blonde avant la prestation. On a eu peur pour elle).

19 heures : départ en formation pour la Grand-Place. Tout prend du retard (quand des cornemuseux se mettent à souffler, on a l’impression qu’ils ne savent plus s’arrêter) et les quinze minutes prévues par formation sont déjà largement dépassées. Et de plus, il se met à pleuvoir ! Une bonne drache bien mouillée, qui, heureusement, n’a pas duré. Les seuls à avoir respecté la durée prévue, ce sont nos Slovènes. Et quand ils sont passés sur la Grand-Place, les pavés étaient de nouveau secs. Ouf ! Grand succès chez le nombreux public.

Après la prestation d’ensemble, retour à Sint-Joris, au son d’un « When The Saints » qui valait le détour. Retour à l’hôtel. Impossible de rentrer à la maison : Le Président de Vevce et quelques confrères dégustateurs de cervoises m’accrochent, et on a été tester la Lambik et l’Orval à la Bécasse. Fin des hostilités (pour moi) à 2 heures. Eux, ils ne sont pas encore allés dormir…

Dimanche 15 : le grand jour, et plein soleil. Le car prend la direction de la Maison Communale d’Evere. Déjà, le Ladie’s Club prépare le restaurant du personnel communal pour le dîner. Pendant de temps, à l’Everna, Philippe Schoovaerts, son épouse Sandra et le beau-frère de celle-ci, Jean-Michel préparent, pour une centaine de personnes, une soupe aux chicons, du stoemp au poireaux, du stoemp aux carottes, des tranches de lard et des saucisses.

Gros pépin sur la scène : elle est trop petite. Tous les musiciens n’ont pas pu jouer en même temps. Quelques-uns n’ont joué que la première partie, d’autres la deuxième. Le public attend devant la porte tandis que les musiciens répètent encore. Enfin, comme toujours, après une bonne séance d’énervement, tout s’arrange. La salle est bien remplie, nous assistons à un concert excellent. Ceux qui espéraient des czardas et de la musique tzigane ont dû comprendre que la Slovénie est un pays moderne où Alain Crépin n’est pas inconnu. La « Music for a Princely Birth » sera jouée à Ljubljana lors du Concert de Nouvel An. A un an, Elisabeth fait ses premiers pas dans le monde…

Après le concert, allocation (très courte) de notre Président Eugène Moreau, réponse (aussi courte) du Président de Vevce, Marko, Sever, toujours avec les traductions (moins courtes, fatalement) de Špela, remise d’une plaquette souvenir, échange des petits cadeaux traditionnels.

Toujours sous pression avec l’horaire, réception pour les invités (et les musiciens, bien sûr), à nouveau allocutions (nombreuses) de circonstance par les autorités présentes et les Présidents des harmonies. Tout est bien sûr traduit en slovène par Špela, tout cela prend du temps. Après, petits toasts, jus de fruits et mousseux et c’est en courant qu’on va (enfin) dîner. Superbe dîner belge préparé par Philippe & Co., simple mais bon, fantastique fraternisation entre les deux harmonies.

Le clou du spectacle : demandez à Walter. Si vous voulez lui offrir quelque chose, offrez un chapeau slovène. Il sait pourquoi. Et si vous voulez faire un cadeau aux Slovènes, ils ont un faible pour les speculoos de Lotus.

Il a bien fallu se résoudre à se dire au revoir. L’avion de retour partait de Paris. Dernière photo de groupe, et le car s’en va. C’est fini. Il reste à tout nettoyer et à se raconter ses souvenirs.

Pour ne pas risquer d’oublier quelqu’un, je ne cite pas de noms, mais encore un immense merci à tous ceux qui ont mis la main à la pâte pour que ce week-end soit devenu une merveilleuse réussite. La STER a, encore une fois, pu prouver que, quand elle prend les choses en main, c’est bien organisé.

J’ai entendu des petits bruits comme quoi, l’année prochaine, la STER pourrait bien aller prouver ses talents musicaux ( et autres) en Slovénie…

En finale et après de vaine promesses de madame Špela Cimerman, le partenaire Slovène n’a jamais invité a ses frais l’harmonie De Ster a venir en Slovénie. Peut-être un jour ...