De BRUYNE Alphonse Clarinette Basse

, par Leontine Donders

Age : 80 ans

Nationalité : Belge

 Ster : Où et quand es-tu né ?

Fons:Je suis né le 4 novembre 1925 à Roulers, la cité de Rodenbach en Flandre Occidentale, à 17 km de la frontière française (Menin) et à 38 km de la côte (Ostende).
J’étais l’aîné d’une famille de 4 enfants, j’avais encore 2 sœurs et un frère qui était un excellent saxophoniste.
J’ai eu trois enfants que j’ai élevé tout seul après mon divorce.
Quelques années plus tard j’ai rencontré Cécile comme pianiste dans la symphonie Schubert, nous nous sommes mariés, elle avait une fille et un fils.
Mon plus jeune fils mourut dix jours avant son 6e anniversaire, mon deuxième fils fut tué sur le coup lors d’un accident de la route, il avait 29 ans, était marié et père de deux petites filles. Mon fils aîné a 50 ans, il est marié et père d’un fils de 14 ans, il habite à Mariakerke près de Gand.

 Ster : Quand et comment as-tu commencé à jouer de la musique ?

Fons : Mes parents avaient acheté un phonographe ainsi qu’une vingtaine de disques. Je les écoutais quasi tous les jours, mon disque favori était celui avec la “Sérénade de Tosselli” et la “Méditation de Thais” de Jules Massenet. Petit à petit, l’envie me vint également d’apprendre la musique. J’avais presque 9 ans lorsque je commençai la première année de solfège et théorie à l’école de musique Adriaan Willaert à Roulers. Au début de la 2e année je reçus une petite clarinette en Mi bémol auprès de l’harmonie de la ville, 2 ans plus tard je reçus une grande clarinette en si bémol avec 13 clés. En 1938, après un test, je fus admis aux répétitions hebdomadaires, lorsque la guerre commença la société arrêta toutes ses activités. Au début d’octobre 1940 les extrémités des index et majeur droits furent écrasés. La première phalange de ces doigts fut amputée, je pouvais donc oublier la clarinette pour de bon, mais je n’abandonnai point. Après 4 mois je recommençai à répéter, même 2 à 3 fois par jour et, après un peu plus d’un an, je savais de nouveau jouer. Je repris mes études chez Monsieur Georges Verdonck, le soliste du Kursaal à Ostende.

- Ster : Pourquoi as-tu choisi la clarinette basse ? Qu’est-ce qui t’attire dans cet instrument ?

Fons : Lorsque j’entendis un certain jour le “Duo Boemi di Praga” avec Josep Horak, clarinette basse et Emma Kovarnova, piano, j’ai été charmé par le son et les possibilités techniques de cet instrument. A ce moment nous avions à la STER, chez les basses, uniquement Adrien au bombardon et le très âgé Jean Franz, alias “Le Pies” au tuba. Avec un tel instrument je pouvais peut-être un peu les aider. Je demandai à notre chef s’il pouvait éventuellement trouver quelque part une clarinette basse en occasion et grâce à lui je pus acheter la clarinette basse en mi bémol de Guy Van Waes. Je m’en servis pour aller étudier chez Monsieur Guy Gérard de l’Orchestre National de Belgique, qui donnait cours à Woluwe Saint Lambert.

-Ster : Joues-tu également d’un autre instrument ?

Fons : Je n’ai joué que la clarinette.

- Ster : Comment as-tu appris à connaître la STER et depuis quand y joues-tu ?

Fons : Lorsque je travaillais à l’arsenal de la Force Aérienne à Evere j’y vains également habiter. Je recommençai à jouer de la clarinette et allai étudier chez Monsieur Jean Tastenoe, soliste chez les Guides, professeur au Conservatoire de Gand (là où nos deux derniers dirigeants, Pierre Weemaels et Paul Schoovaerts remportèrent leur prix de conservatoire). A l’époque, Monsieur Tastenoe donnait également des cours à Saint Gilles.
Quelques musiciens de la STER m’avaient entendu répéter et vinrent me demander si je ne voulais pas venir à la STER. Ils vinrent me chercher pour écouter le concert du 75e anniversaire sur le petit marché de Helmet. Après le concert ils me présentèrent au dirigeant Monsieur Clabecq et à leur Président Charles Van Obbergen. Le mercredi suivant je participai à ma première répétition à la STER, nous étions en 1954.

- Ster : Joues-tu également auprès d’un autre groupe ?

Fons : Depuis mon opération au cœur je joue encore seulement à la STER et à la Philharmonie de Jette. Auparavant j’ai joué au moins deux ans et pour certaines harmonies, plusieurs années, avec : Beersel (notre Fernand se souviendra certainement encore de notre chauffeur qui souffrait d’héméralopie), Drogenbos, Haren, Machelen, Ottignies, Wezembeek Oppem, Vilvorde, la Symphonie Schubert, Concordia et Idéale, l’ensemble de clarinettes Willy Delzenne et l’ensemble à vent Braventi.

- Ster : Quel style de musique préfères-tu jouer ou écouter ?

Fons : J’ai une préférence pour la musique classique, les autres styles peuvent me plaire aussi, mais je suis perturbé par le rap et les guitares et la musique très bruyantes

  Ster : As-tu d’autres hobbies ?

Fons : Mon seul hobby est la musique. C’est ainsi que je suis encore allé étudier l’harmonie, le contrepoint et la fugue chez Monsieur Cayron, je transpose régulièrement la partition de chant et piano, ou pour un autre instrument.

- Ster : Quelle fut ton activité professionnelle ?

Fons : Après l’école primaire et le 4e degré j’ai suivi l’enseignement professionnel. J’ai obtenu le diplôme de mécanicien, le brevet de mécanicien pour moteurs d’avion à l’école technique de la force aérienne, le brevet d’installateur en chauffage aux Arts et Métiers. J’ai débuté dans un atelier où les moteurs étaient entièrement révisés, comme le fraisage de cylindres, le polissage de vilebrequins, etc. etc. Après la libération j’ai travaillé dans de nombreux endroits comme fabricant d’outillages sur les avions à Melsbroek et à l’arsenal. J’ai également travaillé 8 ans et demi à la commune de Evere comme forgeron, soudeur et tout ce qui concernait le métal. Mais comme je n’avais aucune chance de promotion et j’ai passé un examen chez Solvay et Cie et devins machiniste au Centre I à Neder Over Heembeek jusqu’à ma pension anticipée en 1982.

  Ster : Ton épouse, Cécile, est pianiste. Vous arrive-t-il de jouer ensemble ?

Fons : Dans le temps, nous avons joué souvent ensemble, tant avec la clarinette qu’avec la clarinette basse. Maintenant cela n’arrive plus.
La dernière fois, ce fut en 1993, à l’occasion d’un benefit concert que nous avons joué à cinq à l’église de Ittre, Cécile piano, Julien De Decker violon, les frères Burton flûte et hautbois et moi à la clarinette basse.

 Ster : As-tu un message à transmettre à nos jeunes musiciens ?

Fons : Arriver à temps. Etre attentif durant les répétitions. Ne pas se satisfaire trop vite de soi-même. Toujours tendre à la perfection. Ne pas attendre jusqu’à la prochaine répétition pour prendre son instrument mais, si possible, répéter un quart d’heure tous les jours. C’est en forgeant qu’on devient forgeron.

Nous te remercions pour cet entretien et pour tes 51 années d’engagement parmi nous. Nous espérons encore longtemps pouvoir bénéficier de ton expérience. Tu es un exemple que les jeunes devraient suivre.