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PEETERS Philippe Ottignies

, par Michel Possoz

Nationalité : Belge

Ster : Quelle est ton activité professionnelle ?

Après mes études d’architecte et mon service militaire (encore obligatoire à cette époque), j’ai été architecte indépendant, collaborateur dans un bureau d’architectes, puis j’ai travaillé comme architecte communal au service des bâtiments de la commune d’Evere. J’ai ensuite dirigé, pendant  15 ans, le service de l’urbanisme de la commune de Schaerbeek. Actuellement, je travaille au service « assistance architecturale et urbanistique » à la Fondation Rurale de Wallonie et à la Maison de l’Urbanisme de Lorraine-Ardenne.

Ster :Où et comment as-tu commencé à apprendre et à jouer de la musique ?

Enfant, je me débrouillais très bien pour retrouver d’oreille des mélodies que je connaissais, avec des instruments de musique jouets. Parallèlement, je faisais partie de la chorale de l’école, « les Fils du Soleil », avec laquelle on a enregistré plusieurs 45T. Mes parents avaient remarqué que j’avais un goût pour la musique et « l’oreille musicale ». Ils m’ont alors proposé d’aller à l’école de musique d’Evere (commune où j’ai habité toute ma jeunesse). Après la 1ère année de solfège, j’ai choisi mon instrument : la clarinette.

Ster : Pourquoi avoir choisi la clarinette ?

Je ne sais pas pourquoi mais je n’ai jamais été attiré que par des instruments à vent. Au moment de choisir, un rien aurait pu me faire opter pour la trompette, la flûte ou le saxophone, seuls instruments à vent que j’identifiais plus ou moins (personne n’était musicien dans mon entourage). Peu de temps avant de faire le choix de l’instrument, un camarade de classe avait présenté un exposé sur la clarinette, qu’il avait commencé à apprendre quelques années plus tôt. Il avait fait une petite démonstration et ça m’avait plu. J’ai donc choisi la clarinette.

Ster : Joues-tu également d’un autre instrument ?

Oui, du saxophone. Lorsque je commençais à bien me débrouiller avec la clarinette, mon professeur m’a proposé d’apprendre aussi le saxophone. Cela me tentait évidemment ! J’ai donc travaillé un mois de vacances pour financer l’achat d’un sax alto. Plus tard, une autre harmonie m’a proposé de venir jouer chez eux du sax baryton, qu’ils mettaient à ma disposition. C’est comme ça que je suis devenu « saxbarytoniste ».

Ster : Ton fils Tanguy a-t-il également envie d’étudier la musique ?

Tanguy (8 ans) a manifestement une excellente oreille musicale. Je le laisse disposer de ma vieille clarinette et reste à sa disposition pour lui apprendre ce qu’il a envie. Pour l’instant, ce qui l’intéresse, c’est d’attirer l’attention des autres en émettant des « couacs » les plus puissants possibles. J’espère qu’il s’y intéressera un jour autrement et, alors, il suivra des cours de musique, mais je ne veux pas le forcer.

Ster : Tu connais notre chef depuis pas mal d’années je crois ?

Paul enseignait la clarinette et le saxophone pour les élèves néerlandophones dans la même école de musique aux mêmes heures que mon professeur, dans la classe d’à côté . Comme j’ai commencé la clarinette à 13 ans, il doit y avoir plus de 32 ans que je le connais au moins de vue.

Ster : Depuis combien d’années joues-tu parmi nous ?

Un jour, alors que Paul venait probablement tout juste de prendre la baguette de l’harmonie, il m’a proposé de venir à l’harmonie « De Ster », qui répétait le mercredi soir dans la salle de gym de l’école de musique (l’actuelle salle Toots). J’ai accepté et c’est depuis que j’en fais partie. C’était en 1979 ou 1980.

Ster : Tu as donc connu l’évolution de l’orchestre ?

J’ai en effet connu son évolution (révolution !), depuis que Paul en a repris la direction. D’un répertoire traditionnel (marches, classique, …), on est passé insensiblement à un répertoire de variétés, souvent teinté de big-band. Ça n’a certainement pas été facile, car il ne pouvait pas se permettre de heurter le comité, ni de perdre des musiciens, ni des membres. Je me rappelle qu’à certains moments, on s’est retrouvé à une petite vingtaine (y compris les indispensables renforts) sur scène au moment des concerts.

Ster : Comment peux-tu expliquer cette évolution ?

Je pense qu’il y a plusieurs explications, qui interagissent évidemment.

1)        Je crois que Paul savait ce qu’il voulait et savait comment y arriver.  Il avait senti à temps que le créneau traditionnel des harmonies était moribond.  Les musiciens amateurs apprennent la musique et la pratiquent pour leur plaisir.  Il faut donc de la musique qui leur plait.  Généralement, il s’agit une musique de leur temps et qu’ils ont dans l’oreille.  Or, qu’est la musique que les adultes d’aujourd’hui ont le plus en mémoire ?  C’est la musique populaire allant des années 20 aux années 80, soit précisément le fil conducteur de notre répertoire.
2)        Paul a notamment une énorme force de persuasion, une grande clairvoyance et une prudence de sioux, ce qui lui a permis d’obtenir le soutien et la confiance du comité, des personnes influentes (politiques, sponsors, …) et, bien entendu, des musiciens.
3)        Par sa manière de diriger, le choix des morceaux et la rapidité de changement du répertoire, il attire et fidélise des musiciens amateurs confirmés, voire d’anciens professionnels, sans exclure les débutants qui sont à leur tour stimulés par leurs « meneurs » et ont rapidement le plaisir de participer à une musique d’ensemble de qualité.
4)        Par ses qualités humaines, il s’attire la sympathie de tout le monde, quelles que soient leurs personnalité, âge, sexe, langue, milieu social, etc.
5)        Il y a un certain nombre de personnes, qui, en coulisses, se dépensent et se dévouent sans compter pour assurer et perpétuer ce succès : je pense en particulier au comité.  Pour que chaque musicien jouisse du plaisir musical (et convivial) du mercredi soir et des concerts, il faut que certaines personnes consacrent des dizaines d’heures par semaine en dehors de ces moments pour que tout se passe toujours correctement (organisation, logistique, finances, secrétariat, etc.).

Ster : Quel style de musique préfères-tu écouter ou jouer ?

Ce que j’aime entendre, j’aime le jouer. En réalité, il y a, dans tous les styles de musique, des choses que j’aime et que je n’aime pas. Cela va de la musique Renaissance à la musique contemporaine, en passant par le jazz, le rock et tous les genres populaires. Les seuls que je n’arrive pas à apprécier sont la techno, le house, le rap, …, mais ça viendra peut-être un jour. La musique funky, par exemple, je ne l’appréciais pas il y a une vingtaine d’années, mais à présent, oui. J’ai quand même une préférence pour la sonorité « big-band ».

Ster : Tu habite depuis peu en Ardennes, le concert à Taisnières (France) le 18 février était ton dernier concert avec « DE STER », comment as-tu vécu cela ?.

Ca faisait tout drôle, évidemment ! je ne sais pas si je me rendais vraiment compte que c’était mon dernier concert avec vous. J’y pensais pourtant constamment et cela m’a distrait à plus d’une reprise. Je me suis quand même dit : « Allez, Philippe, c’est le dernier, il faut que ce soit bien ! » J’y pensais particulièrement dans « Orphée aux Enfers ». Je ne m’attendais pas du tout à ce que mon départ soit annoncé devant le public, Français s’il vous plait. Ça m’a été droit au cœur, ainsi que le cadeau qu’on m’a offert.

Ster : De par ton déménagement, tu as également du quitter le quatuor Sax-O-Carré dont tu faisait partie depuis le tout début de sa création, cela fait beaucoup de changement dans ta vie de musicien cela ne t’effraie– t-il pas ?

Sax-o-carré, qui s’appelle désormais « sax 4.1 » (rien à voir avec mon départ), restera aussi un souvenir inoubliable et plein d’émotion. Il a ceci de particulier, c’est qu’il est né et a vécu de la volonté collective de plusieurs copains musiciens de faire de la musique ensemble. Je pense néanmoins que, même si on ne joue plus ensemble, l’amitié restera intacte.

Ster : as-tu déjà des projets dans d’autres orchestres ?

Non, mais je compte bien trouver quelque chose de convenable dans la région. Je sais d’avance que ce ne sera jamais aussi bien que De Ster.

Ster : Depuis quelques temps de jeunes musiciens sont arrivés dans l’orchestre, quel message voudrais-tu leur dire.

1)        Vous avez fait le bon choix, car vous ne trouverez pas mieux ailleurs.
2)        Si vous êtes paumés, parfois ou même souvent, rassurez-vous, c’est tout à fait normal.
3)        L’harmonie, ce n’est pas qu’un orchestre, c’est aussi plein de gens formidables qui gagnent à être mieux connus.

Philippe nous te remercions de tout cœur pour toutes ces années passées parmi nous. Nous garderons de toi le souvenir d’un musicien d’une fidélité hors pair, d’un ami loyal envers tous et te souhaitons beaucoup de bonheur bien mérité dans ta nouvelle vie.